Comment se constituer un patrimoine – partie 2 : choisir ses actifs

Une femme fait ses courses à l'épicerie. Symbolise le choix des actifs.

Dans la première partie de cette série, nous avons posé les bases : définir des objectifs personnels clairs et se libérer des croyances limitantes. Ces fondations sont indispensables. Sans elles, investir revient à construire une maison sur du sable.

Mais une fois ce socle en place, une question revient inévitablement : dans quoi investir concrètement ?

Beaucoup de débutants s’arrêtent à la surface : Faut-il acheter des actions ? De l’immobilier ? Des obligations ?. Ces questions sont légitimes, mais elles ne suffisent pas. Le vrai point de départ, ce n’est pas le produit. C’est le rôle que vous voulez confier à votre argent.

Prenons trois exemples simples :

  • Vous voulez mettre de côté pour un apport immobilier. Votre argent doit rester sûr et disponible.
  • Vous préparez votre retraite dans 20 ans. Ici, vous cherchez la croissance.
  • Vous souhaitez un revenu mensuel pour alléger votre budget. Votre capital doit produire un flux régulier.

Ces situations sont différentes, mais toutes se traduisent par un Job To Be Done : une mission précise confiée à votre épargne.

👉 Dans cet article, nous allons voir comment passer de vos objectifs personnels à des jobs financiers clairs, puis aux classes d’actifs adaptées.

À la fin, vous repartirez avec un univers d’actifs identifié. Pas encore une allocation détaillée — ce sera l’objet du prochain article — mais déjà une direction solide et cohérente.

Des objectifs personnels aux Jobs To Be Done

Avoir un objectif personnel, c’est une excellente première étape. Mais acheter un logement, préparer sa retraite ou compléter ses revenus ne disent pas encore dans quoi investir.

Pour passer à l’action, il faut traduire ces objectifs en un rôle précis confié à votre argent. C’est la logique des Jobs To Be Done.

En finance, chaque euro placé peut remplir une mission différente :

  • Sécuriser : rester disponible à tout moment pour les imprévus.
  • Protéger : préserver la valeur de l’épargne avec moins de fluctuations.
  • Faire croître le capital : viser la performance sur le long terme grâce à la capitalisation.
  • Générer un revenu : encaisser régulièrement sans avoir à vendre son capital.
  • Diversifier : réduire la dépendance à un seul marché, secteur ou actif.

Sécuriser son argent : le fonds d’urgence

Avant d'investir pour faire fructifier son argent, il faut d'abord assurer la base : une épargne de sécurité, toujours accessible en cas d'imprévu. Ce n'est pas un placement pour générer des rendements, mais plutôt une assurance financière.

À quoi ça sert ?

  • Payer une réparation de voiture sans recourir au crédit.
  • Faire face à une perte temporaire de revenus.
  • Couvrir une dépense imprévue.

Sans ce coussin financier, vous risquez de devoir vendre vos investissements au pire moment — quand les marchés sont en baisse.

Quels actifs pour ce Job ?

  • Livrets réglementés : Livret A, LDDS. Sécurisés, disponibles immédiatement, exonérés d'impôts.
  • Comptes sur livret bancaires : plus flexibles mais fiscalisés.
  • Fonds euros d'assurance-vie : capital garanti, rendement limité.
  • Fonds monétaires : placements collectifs investis en titres de très court terme (trésorerie, bons du Trésor).
  • Comptes à terme : taux connu, mais argent bloqué pendant quelques mois ou années.

Risques et limites

  • Rendement très faible, souvent inférieur à l'inflation.
  • Pas de croissance du capital : l'objectif est la sécurité, pas la performance.

👉 Vous devez d'abord constituer un fonds d’urgence équivalent à 3 à 6 mois de dépenses courantes. C'est votre priorité absolue.

Protéger son capital : limiter les secousses

Une fois le fonds d'urgence constitué, l'étape suivante consiste à protéger son capital. Ici, l'objectif n'est pas de battre l'inflation ni de viser des rendements spectaculaires, mais d'éviter les montagnes russes tout en générant un revenu modeste.

À quoi ça sert ?

  • Stabiliser son patrimoine en intégrant une composante défensive.
  • Percevoir des revenus réguliers (coupons obligataires, intérêts).
  • Renforcer la sécurité de votre épargne sans basculer vers les investissements plus risqués.

Quels actifs pour ce Job ?

  • Obligations d'État : dette émise par des pays réputés solides (France, Allemagne, États-Unis).
  • Obligations d'entreprises solides : dette émise par de grandes sociétés bien notées.
  • Fonds obligataires : paniers diversifiés d'obligations gérés par des sociétés de gestion.

Risques et limites

  • Les obligations perdent de la valeur quand les taux montent (plus l'échéance est longue, plus la perte est marquée).
  • Le risque de défaut existe sur les obligations d'entreprises, même solides (rare, mais pas impossible).
  • Rendements souvent limités, surtout en période de taux bas.

Faire croître son épargne : préparer l’avenir

Après avoir sécurisé et protégé son capital, vient le moment de chercher la croissance. Ici, l'objectif est limpide : faire grossir son patrimoine sur le long terme. C'est cette brique qui construit véritablement l'avenir.

À quoi ça sert ?

  • Préparer la retraite.
  • Financer des projets à long terme (études des enfants, transmission, indépendance financière).
  • Bénéficier de la croissance économique mondiale.

Quels actifs pour ce Job ?

  • Actions en direct : acheter des parts d'entreprises (Apple, LVMH, Air Liquide…).
  • Fonds actions : des paniers d'actions diversifiées gérés de façon active ou passive
  • Participation dans des entreprises non-cotées à fort potentiel (Private Equity).

Pourquoi ces actifs ?

Les entreprises créent de la valeur : leurs bénéfices augmentent, elles innovent et versent parfois des dividendes.

En tant qu'actionnaire, vous profitez de cette croissance. Sur le long terme, les actions sont historiquement l'actif le plus performant.

Risques et limites

  • Volatilité élevée : il n'est pas rare de voir des baisses de 20% ou 30% en une seule année.
  • Il faut un horizon long (au moins 10 ans) pour lisser ces variations.
  • Nécessite discipline et sang-froid : savoir résister à la tentation de vendre pendant les crises.

Générer un revenu régulier : encaisser sans vendre

Tous les investisseurs ne cherchent pas uniquement à faire croître leur capital. Certains souhaitent avant tout que leur argent génère un revenu régulier, que ce soit pour compléter un salaire, réduire leurs charges ou financer un style de vie plus libre.

À quoi ça sert ?

  • Percevoir des flux financiers réguliers (mensuels ou trimestriels).
  • Se rapprocher progressivement de l'indépendance financière.
  • Obtenir des liquidités sans devoir vendre son capital.

Quels actifs pour ce Job ?

  • Actions à dividendes : entreprises qui redistribuent une partie de leurs bénéfices (ex. TotalEnergies, Coca-Cola).
  • Obligations à coupon : revenus fixes versés régulièrement jusqu'à l'échéance.
  • Immobilier locatif collectif : SCPI (sociétés civiles de placement immobilier).
  • Immobilier coté : foncières cotées (REIT, OPCI), qui distribuent une part de leurs loyers.

Pourquoi ces actifs ?

Parce qu'ils génèrent du cash-flow régulier. Le principe est simple : au lieu d'attendre uniquement une plus-value dans 10 ou 20 ans, vous percevez immédiatement une partie des gains sous forme de revenus.

Risques et limites

  • Les dividendes ne sont jamais garantis : une entreprise peut les réduire ou les suspendre.
  • L'immobilier coté reste soumis aux fluctuations du marché et se comporte souvent comme les actions.
  • Les SCPI offrent des revenus réguliers mais présentent une faible liquidité et une fiscalité contraignante.

Diversifier intelligemment : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier

Même si votre objectif principal est clairement défini (sécurité, stabilité, croissance ou revenu), il reste risqué de s'appuyer sur un seul type d'actif. La diversification permet de répartir les risques et d'équilibrer efficacement votre patrimoine.

À quoi ça sert ?

  • Éviter la dépendance à un seul pays, secteur ou actif.
  • Limiter l'impact d'une crise localisée (comme une chute du marché français ou d'un secteur spécifique tel que la tech).
  • Bénéficier simultanément de plusieurs moteurs de croissance.

Quels actifs pour ce Job ?

  • Diversification géographique :
    • Pays développés (Europe, États-Unis, Japon).
    • Pays émergents (Chine, Inde, Brésil…).
  • Diversification sectorielle : santé, technologie, énergie, consommation…
  • Diversification par style : grandes capitalisations vs petites, entreprises "value" (décotées) vs "growth" (en forte croissance).
  • Matières premières : or, argent, matières agricoles, métaux industriels comme protection contre l'inflation et les crises.

Pourquoi ces actifs ?

Parce qu'aucun marché ne surperforme en permanence. Diversifier, c'est accepter que certains actifs stagnent temporairement pendant que d'autres prennent le relais.

Risques et limites

  • Plus un investissement est ciblé (un seul pays, un seul secteur, une seule thématique), plus sa volatilité est élevée.
  • La diversification ne supprime pas le risque : elle le répartit.

Cas concret : Julie, 35 ans, prépare sa retraite

Julie a 35 ans. Elle gagne bien sa vie et épargne régulièrement. Son objectif est clair : à 60 ans, elle souhaite disposer d'un capital suffisant pour réduire son temps de travail ou vivre sa retraite plus sereinement.

1. Son objectif personnel

Constituer un capital significatif d'ici 25 ans.

2. Son Job to Be Done

Faire croître son épargne sur le long terme. Julie n'a pas besoin d'accéder à cet argent dans l'immédiat. Elle veut le laisser fructifier.

3. L'univers d'actifs adapté

  • Actions mondiales : principal moteur de croissance.
  • Marchés émergents : exposition aux nouvelles zones de développement économique.
  • Diversification sectorielle : santé, consommation, technologie, pour ne pas dépendre d'un seul secteur économique.

4. Le risque accepté

Julie sait que son patrimoine pourra baisser de 20 ou 30 % en cas de crise. Mais avec 25 ans devant elle, elle accepte ces fluctuations en échange d’un rendement potentiel bien supérieur aux autres actifs.

Conclusion : vous avez choisi votre univers d’investissement

Définir son univers d'investissement, c'est relier un objectif personnel à un job précis (sécuriser, protéger, croître, générer un revenu, diversifier), puis l'associer aux classes d'actifs adaptées.

À ce stade, vous n'avez pas besoin de connaître les montants précis à investir dans chaque actif. L'essentiel est déjà accompli : vous avez identifié le rôle principal que votre argent doit jouer, et donc l'univers dans lequel chercher vos solutions.

👉 Dans le prochain article, nous verrons comment assembler ces briques dans une allocation cohérente.

Check-list finale

  1. Écrire votre objectif personnel en une phrase.

    Exemple : “Constituer 20 000 € pour un apport immobilier dans 5 ans.”

  2. Identifier le job principal qui en découle :

    • Sécuriser
    • Protéger
    • Faire fructifier son capital
    • Générer un revenu
    • Diversifier
  3. Associer ce job à un univers d’actifs

  4. Lister 1 ou 2 exemples concrets d’actifs correspondant à cet univers.

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