Comment se constituer un patrimoine – partie 1 : les fondations

Des ouvriers en train de couler des fondations en béton symbolisant la construction d'un patrimoine.

Quand je parle de finance ou de patrimoine autour de moi, j’entends souvent les mêmes affirmations :

  • Il faut beaucoup d’argent pour se lancer en bourse.
  • Je ne serai jamais riche.
  • Je n’y comprends rien à la bourse.
  • De toute façon, je finirai pauvre (même avec un bon salaire).
  • Je n’arrive pas à mettre beaucoup de côté.
  • Mettre 50 € par mois de côté, ça ne sert à rien.
  • La bourse, c’est trop risqué.

Ces idées reçues sont tenaces.

La plupart des gens que je connais ont l’essentiel de leur patrimoine dans leur maison ou dans l’immobilier, et le reste dort sur un Livret A.

Beaucoup ignorent même qu’ils ont déjà un patrimoine.

Sans le savoir, ils ont utilisé un levier en empruntant pour acheter un bien durable. Ce n’est pas une mauvaise stratégie : avec de la discipline, on peut ainsi se constituer un capital conséquent.

Mais la bourse, elle, continue de faire peur à beaucoup.

Cet article s’adresse à celles et ceux qui pensent ne rien y connaître et qui ne savent pas par où commencer. Si vous pensez que vous avez de trop petits moyens, restez, et lisez la suite.

Une série pour repartir de zéro

Dans cette série, je partagerai des stratégies concrètes pour vous lancer dans la gestion de votre patrimoine.

Je repars de zéro – comme lorsque j’ai moi-même découvert la finance début 2022 et décidé de gérer mon patrimoine de façon rationnelle.

Cette série, trop longue pour tenir en un seul article, sera découpée en plusieurs volets :

  1. Les fondations (cet article)
  2. Choisir ses actifs – Identifier les produits financiers qui correspondent vraiment à vos objectifs et à votre tolérance au risque.
  3. Construire un portefeuille – Apprendre à répartir vos actifs pour allier performance et sécurité.
  4. Passer à l’action – Mettre en place concrètement votre stratégie et acheter vos actifs en toute confiance.

À la fin, nous aurons démonté une par une les idées reçues listées plus haut.

Changer de regard sur la richesse

Commençons par poser les bases. Avant de parler produits financiers ou stratégies d’investissement, il faut d’abord changer de perspective.

Il faut être intimement convaincu de trois choses simples :

  • Qu’on peut devenir riche si on s’y prend tôt – et même plus tard, si on s’y prend bien.
  • Que la richesse n’est pas l’accumulation de biens matériels, mais la liberté que procure un capital bien géré.
  • Que le meilleur prédicteur de la richesse future, ce n’est pas le coup de bourse génial ni la “bonne affaire” immobilière, c’est l’épargne régulière.

Quand je parle de richesse ici, je parle d’indépendance financière.

Peut-être pas une Ferrari ou un yacht, mais la liberté de vivre selon vos propres termes, sans dépendre d’un employeur, d’une pension ou d’un héritage.

Avec du temps et la puissance des intérêts composés, tout le monde peut progresser vers cet objectif.

Les intérêts composés, c’est l’effet boule de neige : votre argent produit des gains, qui produisent à leur tour des gains, et ainsi de suite. Plus on commence tôt, plus la boule grossit vite.

Les ingrédients essentiels

Pour construire cette indépendance financière, il faut rassembler plusieurs ingrédients :

  • Frugalité – Dépenser moins que ce que l’on gagne. C’est simple à dire, plus difficile à mettre en pratique, mais c’est la condition numéro un.
  • Patience – Laisser le temps jouer pour vous. Les résultats spectaculaires arrivent rarement en quelques mois, mais presque toujours sur plusieurs années.
  • BudgetSavoir où passe son argent. Ce n’est pas glamour, mais sans suivi précis, impossible de s’améliorer.
  • Se payer en premier – Épargner dès que le salaire tombe, avant de penser aux dépenses.
  • Épargner massivement – Plus votre taux d’épargne est élevé, plus votre indépendance financière arrivera vite.
  • Revenus supplémentaires – Développer des sources de revenus additionnels, même modestes, via une promotion professionnelle ou l'entrepreneuriat pour accélérer votre progression.

Épargnez, épargnez, épargnez

Ce qui compte vraiment, ce n’est pas le rendement, la plus-value ou les pourcentages gagnés sur un graphique, mais le montant final que vous aurez sur votre compte le jour où vous en aurez besoin.

Ne vous y trompez pas : toutes les stratégies que nous allons voir plus tard ne sont que des bonus, des outils pour “gonfler” votre patrimoine. Le moteur de tout ça, c’est l’épargne régulière.

Si vous mettez systématiquement 100 € de côté chaque mois pendant 40 ans, placés sur un support qui rapporte en moyenne 4 % par an, vous finirez avec environ 118 000 €.

C’est l’équivalent du prix d’un studio dans une ville modeste, et pourtant ça ne représente que 100 € par mois.

Maintenant, si vous épargnez 1 000 € par mois pendant la même durée, vous devenez millionnaire.

1 000 € ? Je sais, ça peut sembler énorme. Mais c’est atteignable pour beaucoup de foyers de classe moyenne, surtout si on additionne les revenus du ménage, qu’on réduit certaines dépenses et qu’on augmente ses revenus au fil du temps.

Un rendement de 4 % est accessible en prenant très peu de risque (on en reparlera dans la partie sur le choix des actifs). Alors imaginez si vous acceptez d’en prendre un peu plus, de manière contrôlée…

Pour se projeter : chiffres à l’appui

Épargne mensuelle10 ans20 ans30 ans40 ans
50 €7 36218 33934 70259 098
100 €14 72536 67769 405118 196
200 €29 45073 355138 810236 392
1 000 €147 250366 775694 0491 181 961

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : ce n’est pas seulement le rendement qui compte, mais surtout la discipline et la constance.

Et si on prend un peu plus de risque ?

Un exemple concret : placez 200 € par mois à 8 % par an (c’est à peu près le rendement moyen historique du marché boursier américain sur le long terme) et, après 40 ans, vous aurez environ 698 202 €.

Toujours persuadé que l’investissement est réservé aux riches ?

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

Se fixer un objectif

Je crois que c’est la partie la plus négligée dans la gestion de patrimoine.

Si vous n’êtes pas intimement convaincu qu’il est possible d’atteindre l’indépendance financière, vous aurez beaucoup plus de mal à rester discipliné dans la durée.

Avoir un cap clair, c’est ce qui permet de tenir quand la motivation baisse ou que les marchés traversent une mauvaise passe.

Pour ça, je vous conseille de vous fixer des objectifs SMART :

  • Spécifiques : clairement définis, pas vagues (avoir plus d’argent n’est pas un objectif).
  • Mesurables : chiffrés pour savoir si vous progressez.
  • Atteignables : réalistes par rapport à vos moyens actuels.
  • Réalistes : cohérents avec votre situation et vos contraintes.
  • Temporellement définis : avec une échéance claire.

Exemples d’objectifs financiers SMART

  • Faire fructifier son capital : atteindre 25 000 €, puis 50 000 €, puis 100 000 €.
  • Constituer un apport de 20 % pour un achat immobilier.
  • Générer un revenu passif mensuel précis : 500 €, 1 000 €, 2 000 €.
  • Créer un fonds d’urgence équivalent à 6 mois de dépenses.
  • Préparer sa retraite avec un objectif précis de complément mensuel.

Ces objectifs vous serviront de boussole.

Ils permettent de mesurer vos progrès, de rester motivé et surtout d’adapter votre stratégie en fonction des changements dans votre vie : nouvel emploi, naissance d’un enfant, héritage, changement de pays…

Sans objectif clair, il est facile de s’éparpiller, de changer de cap trop souvent et de finir par perdre du temps et de l’argent.

Se connaître, définir sa tolérance au risque

Soyons clairs : oui, vous pouvez tout perdre… et très vite.

Il suffit de regarder les innombrables victimes de la crypto, des meme stocks ou du trading à effet de levier (CFD).

Aveuglés par l’avidité, certains ont misé lourd sans comprendre et ont tout perdu.

Autant jouer au loto.

Ici, on parle d’investir, pas de spéculer.

Investir, c’est adopter la posture de l’investisseur de long terme : construire méthodiquement un capital, générer des revenus, puis les réinvestir pour qu’ils produisent à leur tour de nouveaux revenus.

C’est un cycle, et il ne fonctionne que si vous acceptez une part de risque.

La prime de risque

Cette prise de risque, c’est ce qu’on appelle la prime de risque : la rémunération que vous obtenez en échange de l’incertitude à court terme.

Mais la dose de risque à prendre dépend de trois choses :

  • votre âge et votre horizon d’investissement,
  • votre situation personnelle et familiale,
  • votre tempérament et votre rapport psychologique à l’argent.

Exemples de profils

  • Jeune et fougueux – Vous avez 25 ans, une carrière de 40 ans devant vous : vous pouvez prendre davantage de risque, car vous avez le temps pour rattraper des pertes temporaires.
  • 35 ans, deux jeunes enfants – Vous devez équilibrer sécurité et croissance, car vos finances doivent aussi protéger votre famille.
  • 65 ans, jeune retraité – Vous devez préserver votre capital, mais vous pouvez garder une part investie pour générer du rendement.
  • Objectif familial – Vous voulez financer des études coûteuses pour vos enfants dans quelques années : prudence renforcée.
  • 70 ans et plus – Vous préparez votre succession : la priorité passe à la stabilité et la transmission.

Un exemple concret

Vous pouvez être de nature audacieuse et aimer le risque…

Mais si vous devez payer les frais de scolarité de vos enfants à HEC dans trois ans, miser tout sur la crypto serait suicidaire.

À l’inverse, même avec un profil prudent, vous pouvez investir 80 % de votre capital disponible en bourse si votre horizon est de plusieurs décennies.

Apprendre à se connaître

Votre tolérance au risque ne se détermine pas uniquement sur le papier.

Elle se révèle vraiment pendant les crises.

Et je peux vous garantir que vous en vivrez : effondrement boursier, récession, crise sanitaire…

Observez alors vos réactions : vendez-vous dans la panique ou tenez-vous votre cap ?

Ces moments-là sont de vraies leçons de psychologie financière.

L’investissement, c’est aussi une affaire de nerfs solides, et ils s’acquièrent dans l’adversité.

Se former

Vous êtes seul responsable de vos actes financiers.

Aucun conseiller, aucune banque, aucun influenceur ne portera les conséquences de vos décisions à votre place.

Alors formez-vous.

Lisez, comparez, vérifiez vos sources.

Commencez par les bases : comprendre l’économie, le fonctionnement des marchés, la différence entre investir et spéculer.

Plus vous aurez de repères, plus vous serez à l’aise pour prendre des décisions rationnelles, même en période de turbulence.

Se méfier des illusions

Ne vous laissez pas séduire par les finfluenceurs installés à Dubaï, posant devant des villas et des voitures de luxe… souvent louées pour l’occasion.

Évitez aussi les publicités tape-à-l’œil sur TikTok qui promettent des gains rapides sans effort.

En finance, comme en droit, l’ignorance n’est pas une excuse.

Si vous placez votre argent dans un produit que vous ne comprenez pas, vous prenez un risque que vous ne maîtrisez pas.

Comprendre avant d’agir

Avant d’investir dans un actif, assurez-vous de savoir :

  • ce que c’est,
  • comment il génère du rendement,
  • quels sont ses risques,
  • comment vous en sortirez si besoin.

C’est votre argent durement gagné et vos projets de vie qui sont en jeu.

Ne les mettez pas en danger inutilement.

Dans notre prochain article, nous passerons au concret : comment choisir vos actifs en fonction de vos objectifs.

Nous verrons comment définir votre univers d’investissement, puis comment assembler ces actifs dans un portefeuille cohérent.

D’ici là, prenez un moment pour réfléchir :

Où voulez-vous être dans 10 ans ? Et qu’êtes-vous prêt à mettre en place dès aujourd’hui pour y parvenir ?

Pour aller plus loin

Voici quelques articles pour vous aider à partir sur de bonnes bases :

Si vous avez des questions, laissez un commentaire ou contactez-moi. Je me ferai un plaisir de vous répondre.

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